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Contexte de l'action
Comme d'autres nous constatons :
Très souvent les artistes qui sortent des écoles d'art sont obligés, pour poursuivre leurs recherches, d'accepter de prendre un travail dit “alimentaire” pour subvenir à leurs besoins. Les pouvoirs publics financent les écoles d’art formant un grand nombre d’artistes plasticiens, or ce nombre est bien supérieur à ce que le marché ou le milieu de l’art est capable d’absorber. Alors de nombreux artistes réduisent ou laissent carrément tomber leur travail plastique pour sortir de la précarité car tous n'ont pas le luxe de pouvoir évoluer dans un domaine où, à part une bourse ou une vente occasionnelle, il est très difficile de se constituer un revenu. Cette question de la rémunération des artistes est récurrente. Elle a été le sujet de plusieurs débats ou réflexions (le FRAAP, Bureau d'Etude, diverses associations de soutien aux artistes...), mais comme si le bout du chemin était muré aucune solution n'a encore été envisagé en dehors de la vente ou de la gratuité de l’acte. Lorsqu'un artiste est sollicité pour intervenir ou exposer d'une façon ou d'une autre, il est rarement question de le rémunérer ; au point que pour obtenir un revenu il est obligé de le justifier par un travail supplémentaire de type décoration, pédagogique ou visite guidée....
Il est dit d'aller vers le privé, là où est l'argent mais les artistes ne sont pas forcément assez bon communicants (ni formés pour l’être) ou ne naissent pas toujours dans les milieux susceptibles d'acheter de l'art. Aussi il faudrait que le travail réalisé puisse se réduire à chaque fois à un produit vendable, ce qui n’est pas toujours le cas tant l’art contemporain est protéiforme. Et c'est sans compter les artistes qui font le choix de ne pas fonctionner dans le milieu de l'art, qui s'en excluent car ils savent bien que c'est une des conditions du maintien de leur autonomie et de leur potentiel de création.
Aussi à l'heure actuelle aucune solution n'est envisagée pour permettre à ce potentiel de création qui grouille un peu partout (il y a plus de 50 000 érémistes artistes et plus de 25 % des érémistes parisiens se déclarent artistes), d'être pris en compte pour leur travail pour leur apport, leur contribution à la richesse culturelle. En bref la situation est connue et les conseillers ANPE voient tous les jours de nouveaux artistes qui se présentent à leurs guichets avec un profil de formation inclassable. De plus les artistes au RMI ou en ASS sont dans des situations où ils sont obligés de se justifier de la non rentabilité de leur activité professionnelle réelle. Pour ne pas être radiés et privés de leurs droits, ils tentent de prouver que le chemin qu'ils ont choisi les fera sortir de la précarité. Ces richesses, ces réservoirs de création, ne sont pas reconnues par les instances officielles, mais sont néanmoins observables dans les petites structures (associations, collectifs), qui n'ont pas de grands moyens mais qui sont nécessaires à la recherche et a l'expérimentation, pour que l'art continue d'exister autrement que figé dans des musées, dans des galeries ou des lieux institutionnels.
Il y a quelques artistes qui vivent de leur travail et il y a ceux qui sont dans l'ombre et qui ne bénéficient pas du marché très fermé de l'art. Nous savons tous d'ailleurs que pour la plupart d’entre eux, cela ne dépend pas de la qualité de leur travail ou de la démarche de l'artiste mais plutôt de la capacité de chacun à se vendre ou à se mettre en avant et de la capacité limitée du système à intégrer des artistes en plus grand nombre.
Crédit Image: 'ANPE Culture Strasbourg centre' Marqueterie Bois sur Agglomerré, 50x60 cm (c)Francis Guerrero 2005