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Ecole Potentielle
Le projet d'école potentielle a émergé consécutivement à une demande de l'école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg au Syndicat Potentiel.
Orientation générale
Le projet d'école potentielle a émergé consécutivement à une demande de l'école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg au Syndicat Potentiel. L'objectif de cette école est de mettre en place et d'activer un lieu de recherches et d'expériences ouvert à toute personne intéressée et notamment aux étudiants de l'École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, ainsi qu'aux personnes sans statut ou en voie d'inventer leur propre statut en marge des réseaux institutionnels de l'art ou de l'université. Au cours de l'année 2000-2001, l'école potentielle est menée conjointement par Bureau d'études (Léonore Bonaccini et Xavier Fourt) dans le cadre du syndicat potentiel.
Pourquoi une école potentielle
Dans l'acception classique de l'école d'art, chaque étudiant est renvoyé à sa pratique individualisée : l'objectif de l'école étant d'ouvrir individuellement les étudiants à eux-mêmes, de développer leurs compétences, autrement dit de les introduire dans le monde du travail. Les étudiants se destinent à devenir indépendant, artisan ou artiste, autrement dit selon un statut où les convergences d'intérêt en tant que producteurs culturels, cèdent le pas devant les exigences de la concurrence. Réussir en art ou dans certaines professions d'arts appliqués, c'est parvenir à se créer des conditions de survie ou de reconnaissance sociale dans une situation ou l'offre excède très largement la demande. À l'encontre de cette approche, et considérant que l'individu n'est jamais que du transindividuel naissant, nous voulons explorer, dans les limites de nos capacités, ce que pourrait être une pratique et une volonté collective.
Aujourd'hui, nous sortons progressivement d'une société où le travail est la valeur fondamentale. Les nouveaux moyens de productions offerts par l'informatique et par l'internet (auto-édition pour la musique et la littérature), l'élévation générale du niveau scolaire et la valorisation d'une culture de soi, provoque la multiplication d'initiatives autonomes dans la culture. Celles-ci se développent plus ou moins indépendamment de toute validation institutionnelle ou marchande, tout en restant précarisée elles se situent en rupture d'un désir d'intégration dans le monde du travail. À travers ces myriades d'initiatives se développent de nouveaux styles de vie, de nouvelles manières de penser et d'approcher le monde. Le Syndicat Potentiel s'inscrit dans ce contexte. Il vise à développer avec les étudiants - premiers concernés - une réflexion et des pratiques, des actions politiques contribuant à ouvrir des perspectives.
Le lieu de l'école potentielle et son inscription aux arts décoratifs de Strasbourg
Le lieu permanent de l'école potentielle se trouvera au Syndicat Potentiel de Strasbourg. Ce lieu est susceptible d'accueillir des activités, des évènements (concerts, fêtes). On peut y organiser des rencontres (repas, discussion), y mettre en place des archives, réaliser des expositions. L'aménagement permet de projeter des diapos, des vidéos, et de rassembler une trentaine de personnes. C'est un espace de travail et de vie utilisable et activable par les étudiants, par les co-opérateurs de l'école potentielle et du Syndicat Potentiel ou par toute personne interessée.
Au sein de l'École des Arts Décoratifs de Strasbourg, la présence de Bureau d'études (cf. co-opérateurs) s'effectue à la fois à travers de la diffusion d'informations (tableau d'affichage dans des lieux à déterminer, distribution de tracts), et des permanences tenues à l'École des Arts Décoratifs. Nous souhaitons disposer d'un casier dans la salle des professeurs, de façon à être tenu au courant des différentes réunions et des informations communiquées au corps pédagogique.
Dans un premier temps nous voulons nous implanter dans différents lieux de l'école des Arts Décoratifs de Strasbourg : lieux de passage, couloirs, machine à café et cafétéria. Le dispositif d'implantation consiste en un tapis et des coussins, peut-être des sièges, des supports d'informations et éventuellement un moniteur et un magnétoscope. Nous diffusons là des tracts ou micro-publications en photocopie. Une telle implantation nous permettra d'ouvrir des discussions avec les personnes fréquentant l'école - étudiants, enseignants, intervenants, techniciens, personnels de service ou personnels administratifs - de les inviter à s'impliquer dans les différents projets activés dans l'école potentielle (voir plus loin). Par ce moyen nous pensons pouvoir effectuer des rencontres, de manière informelle, nouer de premiers contacts et établir une première régularité dans la fréquentation des personnes interréssées par notre projet d'école potentielle. Progressivement, nous voulons doubler ce travail de "permanences" par des rendez-vous pouvant se produire en dehors de l'École des Arts Décoratifs et du temps d'étude. Nous souhaitons doubler ces permanences en différents lieux de l'École par d'autres, plus occasionnels, à l'Université ou en d'autres lieux (théatres, cinéma).
Dans un second temps, sur la base d'une première équipe formée au gré des rencontres, nous pensons nécessaire de disposer d'un lieu permanent au sein de l'École, qui puisse être entièrement autonome et rester ouvert deux jours et une nuit, tous les quinze jours (le lundi et le mardi). Une telle disposition nous semble s'accorder à la fois à la nature très particulière du temps social des étudiants et à l'éventualité d'une participation de personnes salariées.
Les différents projets mis en oeuvre dans l'école potentielle demandent du temps pour être mis en oeuvre. De même que la constitution d'une équipe de personnes régulières et actives, sur laquelle il est possible de s'appuyer durablement. Si l'année 2001 servira à poser les premiers jalons de l'école potentielle, il est essentiel de pouvoir s'inscrire dans une temporalité plus longue (année 2001/2002). Nous pensons faire la première intervention du Bureau d'études le 11 et le 12 décembre 2000. Reprise en janvier, approximativement tous les quinze jours.
Les modes d'activations de l'école potentielle
L'école potentielle sera activée à travers trois projets : deux projets se présentant d'emblée comme projets artistiques ("sociodicée" et "zone de gratuité") et un autre, à caractère plutôt politique ("vers un réseau des initiatives autonomes").
Sociodicée a pour objectif d'instaurer les conditions pour l'émergence d'un collectif d'étudiants. Ce projet consiste dans la réalisation, solitaire ou collective, d'entretiens vidéos avec n'importe quelle personne de la ville de Strasbourg. Ces entretiens servent de base pour l'organisation de rencontres (analyser ensemble ce qui a été dit), pour la constitution d'un groupe de travail, de réflexion et d'activation collective avec des étudiants entièrement ouvert sur l'extérieur et attentif à la multiplicité et à la complexité du réel.
1 Le projet sociodicée concerne les rapports que nous voulons développer avec les étudiants de l'École des Arts Décoratifs de Strasbourg. Il consiste dans la volonté de rencontrer tous les habitants de Strasbourg, de parler avec eux, de les filmer et de tenter de dégager les savoirs singuliers, les savoirs locaux, laissés en jachère dont chacun est dépositaire et qui ne sont pas assujettis au régime discursif général.
Phase 1 - Dans un premier temps nous voulons effectuer des entretiens filmés avec des étudiants de l'école et faire ainsi connaissance.
Phase 2 - Nous voulons rencontrer tous les habitants de Strasbourg pour avoir un entretien avec chacune de ces personnes. Ce travail est infini. Impossible. Il est donc ouvert. Ce qui importe n'est pas en effet que le projet puisse se boucler à un moment donné (que toutes les personnes aient été rencontrées et que cela puisse être rangé dans une bibliothèque) mais que la rencontre et la production de savoirs singuliers s'affermissent et donnent lieux à d'autres initiatives (repas, rencontres, textes, publications). Que nous-même ou un autre effectue un entretien, qu'il le donne publiquement à voir et à discuter dans l'espace du Syndicat Potentiel, est une occasion de problématiser le rapport que nous entretenons à l'autre comme producteur d'existence et de sens, aux mondes qu'il fréquente.
2 Pour rencontrer les personnes de Strasbourg, nous procéderons par démarchage ou par bouche-à-oreille (nous demanderons aux personnes que nous rencontrerons si elles sont prêtes à faire un entretien filmé avec une personne qu'elles connaissent). L'objet de cette démarche et de ce projet est de parvenir rapidement et de manière simple à une situation productive amassant du matériau, qui puisse faire référence pour d'autres participants, que le projet se poursuive, s'étoffe et produise des données, des niveaux de complexité qui ne sont pas offerts pas l'information quotidienne.
3 Pourquoi rencontrer les personnes de Strasbourg ? Il va de soi qu'il ne s'agit pas de clôturer le terrain de recherche et de rencontre. Des entretiens peuvent être effectués avec des personnes en dehors de la CUS. Notamment s'il s'agit de mettre en place un réseau d'initiatives autonomes : l'entretien filmé servirait de matériel de base pour mettre en place ce réseau.
EXTENSION : ARCHIVES DE L'ACTUALITÉ
Le projet artistique "sociodicée" entre dans la dynamique interne d'un autre projet du Syndicat Potentiel : la mise en place et l'activation d'"archives de l'actualité". La revue indépendante Histoire & Anthropologie nous a proposé de mettre en place un fonds d'archives comprenant 7000 documents dont une grande partie concerne l'Asie et l'Afrique. Ces archives - dont il n'existe aucun équivalent en Alsace - ne dépendent pas de l'Université mais constituent un fonds indépendant se prêtant à des recherches spécialisées sur ces régions. Le Syndicat Potentiel est interessé de mettre en place avec des partenaires, des outils documentaires lui permettant de penser le présent, de réfléchir sur ses limites et sur les modes d'activation de savoirs minoritaires, indépendants de l'Université ou des structures privées. Le projet "sociodicée" de même que le fonds d'archives du groupe d'artistes Bureau d'études, participent à ce projet d'archives de l'actualité. La construction conjointe d'archives d'"artistes" et d'archives de "chercheurs" ouvre potentiellement des opportunités de collaboration entre ces différents secteurs d'activité et de pensée.
zone de gratuité
Le groupe d'artistes Bureau d'études a mis en place à Paris entre mars 1999 et octobre 2000, un projet artistique sous le nom de zone de gratuité.
> un espace de mise à disposition de biens, de propositions de service et d'informations
>un espace de rencontre et de discussion
>un espace de production de biens gratuits. La mise à disposition de biens, de propositions de services ou d'informations s'effectue par un apport spontané de toute personne physique ou morale, qui le souhaite ou que nous avons sollicitée. Elle s'effectue également par le travail de collecte dans l'espace urbain (déchets récupérables et valorisables) ou industriel (réintégrés comme biens utilitaires ou ornementaux suite à un façonnage effectué par nous ou par un tiers à notre demande).
Suite à cette première expérience, nous avons proposé d'installer progressivement une zone de gratuité à Strasbourg dans l'espace du Syndicat Potentiel. Cette zone sera activée dans le cadre de l'école potentielle en proposant :
> un abri (il est possible de rester un moment pour parler, pour se protéger de l'extérieur, pour se reposer)
> un espace d'activité (nous mettons à disposition des jeux, des documents divers pouvant être consultés gratuitement)
> un espace de dépôt dans lequel toute personne peut laisser ou prendre ce qu?elle souhaite : biens, propositions de service ou information
> un espace de rencontres.
Vers un réseau d'initiatives autonomes
Dans le champ artistique comme dans le champ universitaire, la réussite professionnelle des chercheurs et des artistes (obtention d'un poste de professeur ou de chercheur, entrée dans le marché de l'art ou reconnaissance institutionnelle), dépend de leur capacité à gérer au mieux leur capital social et à trouver des appuis. De ce fait, les étudiants dénués de capital social ou entrant en rupture avec les normes instituées sont ipso facto exclus de tout destin possible au sein de l'institution de l'art (publique ou marchande) ou de l'Université. Ainsi le champ universitaire et artistique se figent et perdent en inventivité. De ce fait, de nombreux artistes et chercheurs ne sont même plus intéressés de s'intégrer dans ces mondes. Artistes et chercheurs sans place, ne pouvant faire valoir leurs recherches ou travaillant en dehors de leur domaine de compétence, sont donc sans statut (Rmistes, ces, etc.) . Ils sont contraints souvent d'abandonner entièrement leurs recherches et leur expression. En marge de l'Université, des étudiants ou des chercheurs parfois non cautionnés institutionnellement ont créés leurs propres revues, colloques, réseaux d?échange de données, d'informations, de connaissance. Ainsi se met en place des lieux de recherches sans tutelles réalisés avec les moyens du bord.
Les artistes ont développés en marge des institutions publiques et privées leur propres lieux d'expression et potentiellement leurs propres procédures de légitimation en créant des squatts et associations d'artistes, clubs et friches industrielles, collectifs d"auto-production". Ces initiatives se développent sous la forme de micro-marchés, de dons et d'échanges informels, de gratuité, en tirant profit d'une faible mais croissante tolérance administrative concernant des activités susceptibles de réinsérer ou d'accroître la solidarité sociale : succès des SELS, reconnaissance symbolique des revendications de l'APEIS concernant la situation des chômeurs, reconnaissance du travail effectué dans les friches culturelles, etc. Nous pensons nécessaire et intéressant d'approfondir la réflexion et l'observation, l'implication dans les initiatives autonomes, se développant aujourd'hui. Nous pensons qu'il faut promouvoir collectivement le "revenu d'existence" et le tiers secteur.
Statut de l'école potentielle
Co-opérateurs de l'école potentielle
Bureau d'études
Le groupe d'artistes Bureau d'études regroupe Léonore Bonaccini et Xavier Fourt. Co-fondateur de l'espace d'art contemporain Le Faubourg; graphistes indépendants à partir de 1997; co-créateur du syndicat potentiel (1998); créateur de la zone de gratuité (1999). Ce groupe existe depuis 1992.
Ecole des arts décoratifs de Strasbourg
Syndicat Potentiel
Le Syndicat Potentiel est un collectif ouvert rassemblant des personnes issues du monde de l'art et du monde universitaire. Dans un premier temps, le Syndicat Potentiel a organisé plusieurs rencontres à Paris (autour de "Art et économie" en visant l'ouverture de cette thématique en dehors du marché et de l'État, à l'économie informelle, parallèle, illégale, à l'économie du don ou de l'expérience), à Strasbourg et Bruxelles. Il a également diffusé auprès des publics ses micro-publications et textes de recherches. À présent le Syndicat Potentiel existe à trois endroits : à Paris ou continuent ses interventions publiques, à Bruxelles en lien avec des artistes occupant un Bureau de Pointage (équivalent de l'ANPE en France) et à Strasbourg, comme espace d'exposition, de documentation et de rencontre.
Orientation générale
Le projet d'école potentielle a émergé consécutivement à une demande de l'école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg au Syndicat Potentiel. L'objectif de cette école est de mettre en place et d'activer un lieu de recherches et d'expériences ouvert à toute personne intéressée et notamment aux étudiants de l'École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, ainsi qu'aux personnes sans statut ou en voie d'inventer leur propre statut en marge des réseaux institutionnels de l'art ou de l'université. Au cours de l'année 2000-2001, l'école potentielle est menée conjointement par Bureau d'études (Léonore Bonaccini et Xavier Fourt) dans le cadre du syndicat potentiel.
Pourquoi une école potentielle
Dans l'acception classique de l'école d'art, chaque étudiant est renvoyé à sa pratique individualisée : l'objectif de l'école étant d'ouvrir individuellement les étudiants à eux-mêmes, de développer leurs compétences, autrement dit de les introduire dans le monde du travail. Les étudiants se destinent à devenir indépendant, artisan ou artiste, autrement dit selon un statut où les convergences d'intérêt en tant que producteurs culturels, cèdent le pas devant les exigences de la concurrence. Réussir en art ou dans certaines professions d'arts appliqués, c'est parvenir à se créer des conditions de survie ou de reconnaissance sociale dans une situation ou l'offre excède très largement la demande. À l'encontre de cette approche, et considérant que l'individu n'est jamais que du transindividuel naissant, nous voulons explorer, dans les limites de nos capacités, ce que pourrait être une pratique et une volonté collective.
Aujourd'hui, nous sortons progressivement d'une société où le travail est la valeur fondamentale. Les nouveaux moyens de productions offerts par l'informatique et par l'internet (auto-édition pour la musique et la littérature), l'élévation générale du niveau scolaire et la valorisation d'une culture de soi, provoque la multiplication d'initiatives autonomes dans la culture. Celles-ci se développent plus ou moins indépendamment de toute validation institutionnelle ou marchande, tout en restant précarisée elles se situent en rupture d'un désir d'intégration dans le monde du travail. À travers ces myriades d'initiatives se développent de nouveaux styles de vie, de nouvelles manières de penser et d'approcher le monde. Le Syndicat Potentiel s'inscrit dans ce contexte. Il vise à développer avec les étudiants - premiers concernés - une réflexion et des pratiques, des actions politiques contribuant à ouvrir des perspectives.
Le lieu de l'école potentielle et son inscription aux arts décoratifs de Strasbourg
Le lieu permanent de l'école potentielle se trouvera au Syndicat Potentiel de Strasbourg. Ce lieu est susceptible d'accueillir des activités, des évènements (concerts, fêtes). On peut y organiser des rencontres (repas, discussion), y mettre en place des archives, réaliser des expositions. L'aménagement permet de projeter des diapos, des vidéos, et de rassembler une trentaine de personnes. C'est un espace de travail et de vie utilisable et activable par les étudiants, par les co-opérateurs de l'école potentielle et du Syndicat Potentiel ou par toute personne interessée.
Au sein de l'École des Arts Décoratifs de Strasbourg, la présence de Bureau d'études (cf. co-opérateurs) s'effectue à la fois à travers de la diffusion d'informations (tableau d'affichage dans des lieux à déterminer, distribution de tracts), et des permanences tenues à l'École des Arts Décoratifs. Nous souhaitons disposer d'un casier dans la salle des professeurs, de façon à être tenu au courant des différentes réunions et des informations communiquées au corps pédagogique.
Dans un premier temps nous voulons nous implanter dans différents lieux de l'école des Arts Décoratifs de Strasbourg : lieux de passage, couloirs, machine à café et cafétéria. Le dispositif d'implantation consiste en un tapis et des coussins, peut-être des sièges, des supports d'informations et éventuellement un moniteur et un magnétoscope. Nous diffusons là des tracts ou micro-publications en photocopie. Une telle implantation nous permettra d'ouvrir des discussions avec les personnes fréquentant l'école - étudiants, enseignants, intervenants, techniciens, personnels de service ou personnels administratifs - de les inviter à s'impliquer dans les différents projets activés dans l'école potentielle (voir plus loin). Par ce moyen nous pensons pouvoir effectuer des rencontres, de manière informelle, nouer de premiers contacts et établir une première régularité dans la fréquentation des personnes interréssées par notre projet d'école potentielle. Progressivement, nous voulons doubler ce travail de "permanences" par des rendez-vous pouvant se produire en dehors de l'École des Arts Décoratifs et du temps d'étude. Nous souhaitons doubler ces permanences en différents lieux de l'École par d'autres, plus occasionnels, à l'Université ou en d'autres lieux (théatres, cinéma).
Dans un second temps, sur la base d'une première équipe formée au gré des rencontres, nous pensons nécessaire de disposer d'un lieu permanent au sein de l'École, qui puisse être entièrement autonome et rester ouvert deux jours et une nuit, tous les quinze jours (le lundi et le mardi). Une telle disposition nous semble s'accorder à la fois à la nature très particulière du temps social des étudiants et à l'éventualité d'une participation de personnes salariées.
Les différents projets mis en oeuvre dans l'école potentielle demandent du temps pour être mis en oeuvre. De même que la constitution d'une équipe de personnes régulières et actives, sur laquelle il est possible de s'appuyer durablement. Si l'année 2001 servira à poser les premiers jalons de l'école potentielle, il est essentiel de pouvoir s'inscrire dans une temporalité plus longue (année 2001/2002). Nous pensons faire la première intervention du Bureau d'études le 11 et le 12 décembre 2000. Reprise en janvier, approximativement tous les quinze jours.
Les modes d'activations de l'école potentielle
L'école potentielle sera activée à travers trois projets : deux projets se présentant d'emblée comme projets artistiques ("sociodicée" et "zone de gratuité") et un autre, à caractère plutôt politique ("vers un réseau des initiatives autonomes").
- Sociodicée
Sociodicée a pour objectif d'instaurer les conditions pour l'émergence d'un collectif d'étudiants. Ce projet consiste dans la réalisation, solitaire ou collective, d'entretiens vidéos avec n'importe quelle personne de la ville de Strasbourg. Ces entretiens servent de base pour l'organisation de rencontres (analyser ensemble ce qui a été dit), pour la constitution d'un groupe de travail, de réflexion et d'activation collective avec des étudiants entièrement ouvert sur l'extérieur et attentif à la multiplicité et à la complexité du réel.
1 Le projet sociodicée concerne les rapports que nous voulons développer avec les étudiants de l'École des Arts Décoratifs de Strasbourg. Il consiste dans la volonté de rencontrer tous les habitants de Strasbourg, de parler avec eux, de les filmer et de tenter de dégager les savoirs singuliers, les savoirs locaux, laissés en jachère dont chacun est dépositaire et qui ne sont pas assujettis au régime discursif général.
Phase 1 - Dans un premier temps nous voulons effectuer des entretiens filmés avec des étudiants de l'école et faire ainsi connaissance.
Phase 2 - Nous voulons rencontrer tous les habitants de Strasbourg pour avoir un entretien avec chacune de ces personnes. Ce travail est infini. Impossible. Il est donc ouvert. Ce qui importe n'est pas en effet que le projet puisse se boucler à un moment donné (que toutes les personnes aient été rencontrées et que cela puisse être rangé dans une bibliothèque) mais que la rencontre et la production de savoirs singuliers s'affermissent et donnent lieux à d'autres initiatives (repas, rencontres, textes, publications). Que nous-même ou un autre effectue un entretien, qu'il le donne publiquement à voir et à discuter dans l'espace du Syndicat Potentiel, est une occasion de problématiser le rapport que nous entretenons à l'autre comme producteur d'existence et de sens, aux mondes qu'il fréquente.
2 Pour rencontrer les personnes de Strasbourg, nous procéderons par démarchage ou par bouche-à-oreille (nous demanderons aux personnes que nous rencontrerons si elles sont prêtes à faire un entretien filmé avec une personne qu'elles connaissent). L'objet de cette démarche et de ce projet est de parvenir rapidement et de manière simple à une situation productive amassant du matériau, qui puisse faire référence pour d'autres participants, que le projet se poursuive, s'étoffe et produise des données, des niveaux de complexité qui ne sont pas offerts pas l'information quotidienne.
3 Pourquoi rencontrer les personnes de Strasbourg ? Il va de soi qu'il ne s'agit pas de clôturer le terrain de recherche et de rencontre. Des entretiens peuvent être effectués avec des personnes en dehors de la CUS. Notamment s'il s'agit de mettre en place un réseau d'initiatives autonomes : l'entretien filmé servirait de matériel de base pour mettre en place ce réseau.
EXTENSION : ARCHIVES DE L'ACTUALITÉ
Le projet artistique "sociodicée" entre dans la dynamique interne d'un autre projet du Syndicat Potentiel : la mise en place et l'activation d'"archives de l'actualité". La revue indépendante Histoire & Anthropologie nous a proposé de mettre en place un fonds d'archives comprenant 7000 documents dont une grande partie concerne l'Asie et l'Afrique. Ces archives - dont il n'existe aucun équivalent en Alsace - ne dépendent pas de l'Université mais constituent un fonds indépendant se prêtant à des recherches spécialisées sur ces régions. Le Syndicat Potentiel est interessé de mettre en place avec des partenaires, des outils documentaires lui permettant de penser le présent, de réfléchir sur ses limites et sur les modes d'activation de savoirs minoritaires, indépendants de l'Université ou des structures privées. Le projet "sociodicée" de même que le fonds d'archives du groupe d'artistes Bureau d'études, participent à ce projet d'archives de l'actualité. La construction conjointe d'archives d'"artistes" et d'archives de "chercheurs" ouvre potentiellement des opportunités de collaboration entre ces différents secteurs d'activité et de pensée.
zone de gratuité
Le groupe d'artistes Bureau d'études a mis en place à Paris entre mars 1999 et octobre 2000, un projet artistique sous le nom de zone de gratuité.
- Principe : Dans la zone de gratuité, toute personne peut prendre ce qu'elle veut, de façon inconditionnelle et sans limite de volume, pour son propre usage ou celui de ses proches; toute personne peut également abandonner ou proposer gratuitement ce qu'elle veut.On ne doit pas nécessairement apporter quelque chose pour prendre autre chose en contrepartie. La seule restriction à la prise concerne les mobiliers et matériels nécessaires au fonctionnement de la zone de gratuité et à son autonomie.
- Description : La zone de gratuité est un projet culturel. C'est à la fois
> un espace de mise à disposition de biens, de propositions de service et d'informations
>un espace de rencontre et de discussion
>un espace de production de biens gratuits. La mise à disposition de biens, de propositions de services ou d'informations s'effectue par un apport spontané de toute personne physique ou morale, qui le souhaite ou que nous avons sollicitée. Elle s'effectue également par le travail de collecte dans l'espace urbain (déchets récupérables et valorisables) ou industriel (réintégrés comme biens utilitaires ou ornementaux suite à un façonnage effectué par nous ou par un tiers à notre demande).
Suite à cette première expérience, nous avons proposé d'installer progressivement une zone de gratuité à Strasbourg dans l'espace du Syndicat Potentiel. Cette zone sera activée dans le cadre de l'école potentielle en proposant :
> un abri (il est possible de rester un moment pour parler, pour se protéger de l'extérieur, pour se reposer)
> un espace d'activité (nous mettons à disposition des jeux, des documents divers pouvant être consultés gratuitement)
> un espace de dépôt dans lequel toute personne peut laisser ou prendre ce qu?elle souhaite : biens, propositions de service ou information
> un espace de rencontres.
Vers un réseau d'initiatives autonomes
Dans le champ artistique comme dans le champ universitaire, la réussite professionnelle des chercheurs et des artistes (obtention d'un poste de professeur ou de chercheur, entrée dans le marché de l'art ou reconnaissance institutionnelle), dépend de leur capacité à gérer au mieux leur capital social et à trouver des appuis. De ce fait, les étudiants dénués de capital social ou entrant en rupture avec les normes instituées sont ipso facto exclus de tout destin possible au sein de l'institution de l'art (publique ou marchande) ou de l'Université. Ainsi le champ universitaire et artistique se figent et perdent en inventivité. De ce fait, de nombreux artistes et chercheurs ne sont même plus intéressés de s'intégrer dans ces mondes. Artistes et chercheurs sans place, ne pouvant faire valoir leurs recherches ou travaillant en dehors de leur domaine de compétence, sont donc sans statut (Rmistes, ces, etc.) . Ils sont contraints souvent d'abandonner entièrement leurs recherches et leur expression. En marge de l'Université, des étudiants ou des chercheurs parfois non cautionnés institutionnellement ont créés leurs propres revues, colloques, réseaux d?échange de données, d'informations, de connaissance. Ainsi se met en place des lieux de recherches sans tutelles réalisés avec les moyens du bord.
Les artistes ont développés en marge des institutions publiques et privées leur propres lieux d'expression et potentiellement leurs propres procédures de légitimation en créant des squatts et associations d'artistes, clubs et friches industrielles, collectifs d"auto-production". Ces initiatives se développent sous la forme de micro-marchés, de dons et d'échanges informels, de gratuité, en tirant profit d'une faible mais croissante tolérance administrative concernant des activités susceptibles de réinsérer ou d'accroître la solidarité sociale : succès des SELS, reconnaissance symbolique des revendications de l'APEIS concernant la situation des chômeurs, reconnaissance du travail effectué dans les friches culturelles, etc. Nous pensons nécessaire et intéressant d'approfondir la réflexion et l'observation, l'implication dans les initiatives autonomes, se développant aujourd'hui. Nous pensons qu'il faut promouvoir collectivement le "revenu d'existence" et le tiers secteur.
Statut de l'école potentielle
Co-opérateurs de l'école potentielle
Bureau d'études
Le groupe d'artistes Bureau d'études regroupe Léonore Bonaccini et Xavier Fourt. Co-fondateur de l'espace d'art contemporain Le Faubourg; graphistes indépendants à partir de 1997; co-créateur du syndicat potentiel (1998); créateur de la zone de gratuité (1999). Ce groupe existe depuis 1992.
Ecole des arts décoratifs de Strasbourg
Syndicat Potentiel
Le Syndicat Potentiel est un collectif ouvert rassemblant des personnes issues du monde de l'art et du monde universitaire. Dans un premier temps, le Syndicat Potentiel a organisé plusieurs rencontres à Paris (autour de "Art et économie" en visant l'ouverture de cette thématique en dehors du marché et de l'État, à l'économie informelle, parallèle, illégale, à l'économie du don ou de l'expérience), à Strasbourg et Bruxelles. Il a également diffusé auprès des publics ses micro-publications et textes de recherches. À présent le Syndicat Potentiel existe à trois endroits : à Paris ou continuent ses interventions publiques, à Bruxelles en lien avec des artistes occupant un Bureau de Pointage (équivalent de l'ANPE en France) et à Strasbourg, comme espace d'exposition, de documentation et de rencontre.