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2005 - STANZA - Leyla Goormaghtigh & Daphné Gentit
Dessins de Leyla Goormaghtigh et volumes de Daphné Gentit
du 20 mai au 12 juin
Stances à trois figures
Elles sont toutes deux issues des Arts Décoratifs. L'une, Leyla Goormaghtigh, de l'atelier illustration. L'autre, Daphné Gentit, de la section art. L'univers graphique de la première rencontre ainsi, le temps d'une exposition, les sculptures de la seconde. Avec en accompagnement, les textes d'Airelle Pinelle, qui entrent plus particulièrement en résonance avec les deux volumes de Daphné Gentit présentés ici - ils en disent le caractère informe, cette ambiguïté d'un travail du tissu et de la couture dont « la coupe, le tissé, le drapé, bandé, langé » évoquent autant « la relique » que « le déchet ». Une pièce noire, une autre blanche, nous disent, dans des formes ambiguës qui brouillent les frontières de l'organique et du végétal, que justement, rien n'est jamais ni noir, ni blanc. A cette tension de l'objet, Leyla ajoute sa marque, guère plus rassurante, mais assez fascinante. Un graphisme qui organise le délire incontrôlé de la multiplication des figures : êtres difformes, visages à géométries variables, bestiaire soumis à d'hallucinantes métamorphoses - une humanité qu'on pressent maladive et qui hante parfois des paysages d'un autre temps. Entre science fiction et territoires imaginaires des primitifs flamands ou italiens, une géographie de l'étrange, où un globe oculaire s'apparente à un objet stellaire. Le support papier peut céder la place au textile - par où Leyla rejoint aussi Daphné : une robe porte ainsi cette saturation des figures et des signes, lui donnant l'air anodin d'un tissu imprimé aux motifs décoratifs. Que le regard se fasse plus attentif et la lecture en sera moins paisible. C'est sous l'intitulé italien de stanza, défini à la fois comme un lieu de séjour et une stance poétique, que Leyla, Daphné et Airelle se sont réunies ici. La stance s'y révèle vigoureuse, le lieu très habité. S.H.