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30 janvier au 14 fevrier - Figure-toi - Camille Brès, Jean- Baptiste Defrance, Aurélie de Heinzelin, Marius Pons de Vincent
Il y a une femme déshabillée en toutes circonstances, des postures fantasmagoriques, des vêtements au corps absent et des nudistes nus.
Le corps est partout. Ils sont obsédés ces peintres!
Obsédés du cul?
Et des pieds, des jambes, des seins, des mains, figure-toi.
Figure-toi
- Camille Brès, Jean- Baptiste Defrance, Aurélie de Heinzelin, Marius Pons de Vincent
VERNISSAGE LE JEUDI 29 JANVIER 2015 DE 18H À 19H30
EXPOSITION du 30 JANVIER au 14 FEVRIER 2015
Exposition ouverte du mardi au samedi, de 15h à 19h
(ouverture les dimanche 1er et 8 février)
- Entrée Libre
Au Syndicat Potentiel, 13 rue des couples Strasbourg
T. +33 0(3) 88 37 08 72
L'autoportrait anonyme (Camille Brès)
Un peu sans y penser j’ai commencé à intégrer une femme nue dans des paysages. Un peu sans y penser et un peu en pensant à Manet, à Bonnard, aux Valseuses de Blier, aux Femens. Sans que cela ne soit très précis ou très affirmé. Puisque les photos que j’utilise me sont toujours personnelles, cette femme nue c’est moi, enfin, le modèle de la peinture c’est moi mais les peintures ne sont pas à proprement parler des autoportraits. Même si je crois parfois utiliser mon image uniquement parce que j’avais sous la main des photos adéquates, je doute que cela soit seulement question de circonstance.
Cette figure nue qui se promène, ici dans un paysage, là devant une église, qui prend sa douche dans un chantier serait plutôt une sorte d'avatar, de double. Ce corps, peu incarné, évolue dans des espaces qui ne l'intègrent pas vraiment. Il rôde. Il faut dire que je ne prévois jamais la présence de cette femme nue. Elle a commencé à apparaître à des moments critiques de l'élaboration de mes tableaux. Comme une intervenante extérieure venant rétablir ou plutôt bouleverser un équilibre.
Souvent, la perspective n'a qu'un point de fuite faisant de l'architecture ou de la nature un décor. Ces espaces frontaux me permettent de mettre en scène les questions que me posent la peinture: l'image, la figuration et la matière picturale en ce qu'elle a d'autonome.
Le corps absent (Jean-Baptiste Defrance)
Depuis plusieurs années je suis fasciné par les objets qui rappellent l’usage perdu d’un corps disparu. Empreint d’une odeur, d’une sensation, la couleur transpire la vie tout en pleurant l'être perdu. La nature morte ici est constamment en jeu. Je peins souvent des vêtements, indéfinis, abandonnés, que les corps ont traversés, laissant alors leurs traces. Chaussures, bonnets, écharpes sont les reliques de ce passage. Depuis peu les fleurs s’ajoutent à ce paysage intérieur rappelant l’éphémère de la composition et de la vie. Ses peintures sont des memento mori laissant transparaitre au fur et à mesure un corps, une ombre, une main, où tout simplement le souvenir d’une silhouette solitaire.
S’appuyant sur un travail de la matière - jeu de textures, coulures, mes tableaux donnent à voir le gris coloré de la vie. Elles préconisent toujours une distance face au sujet pour permettre à l’œil du passant une traversée. Je peins des atmosphères, des objets-corps marqués par le malaise de l'homme. Ce sont ceux d’un autre, peu à peu oublié et empreint du souvenir d’un moment passé.
Le corps fantasmé (Aurélie de Heinzelin)
Dans mes peintures, le corps est souvent nu. Le nu : terrain miné ? Sujet classique, voire académique, il est chez moi vu de manière fantasmé. La touche, la couleur sont volontiers expressionnistes, comme pour mettre à distance le sujet et sa représentation.
Mes modèles, qui sont souvent des amis ou des collègues de travail, parfois moi-même, sont représentés dans des postures qui créent une narration. Le nu est d'abord pour moi une manière de le rendre a-temporel. Le vêtement place le modèle dans une époque, le nu joue sur l'ambiguïté et j'aime l'idée que l'on puisse ne pas savoir à quelle époque le tableau a été peint. Plusieurs personnages sont représentés dans des postures érotiques, et se retrouvent même parfois former des couples improbables avec des animaux. En peinture tout est possible, il n'y a pas de limite, pas de morale. Ce qui dans le réel est intolérable est en peinture ici revendiqué : je suis libre en tant que peintre de créer des scènes fantasmagoriques et hors de la morale. La vie que je ne vis pas dans le réel, parce que je suis trop bien élevée, est en peinture libre de toute contrainte, de tout tabou. En peinture j'invente ma vie, je crée ma propre mythologie. Plus que la libération du corps, mes tableaux revendiquent la libération de l'esprit. Du mien tout d'abord, qui a été éduqué, et de celui du spectateur, ensuite, qui pourra avoir plusieurs réactions selon son tempérament, sa propre culture, sa morale.
Quand il n'est pas nu, le corps dans mes tableaux porte costume de théâtre, d'opéra, masque. La mise en scène, la théâtralité est forte, comme pour souligner que tout ceci, tout ce que vous voyez, est de la comédie, du théâtre, de l'exagération. Qu'il va falloir au spectateur de l'humour pour regarder mes tableaux. Que c'est artificiel. J'aime ce mot, artificiel. Contre-le-naturel. J'aime le grotesque, le surréalisme, le bizarre, le dissonant, le Songe d'une nuit de Sabbat dans la Symphonie Fantastique de Berlioz, le courant maniériste en peinture.
La figure empruntée (Marius Pons de Vincent)
Je collectionne et utilise dans mon travail, des photographies amateurs, dénichées sur le web. Une récente envie de peindre des nus m'a amené à m'intéresser aux naturistes. On m'a quelque fois mis en garde. Qu'arriverait-il si une personne se trouvait par hasard devant sa figure peinte et se reconnaissait sur un de mes tableaux? Se sentirait-elle cambriolée? Je n'ai jamais pris très au sérieux ces éventualités, j'ai du mal à croire que pareille situation se produise un jour. De toute façon, je ne cherche pas à être au plus près de la photographie. J'en tire seulement quelques informations, essentiellement liées au dessin et à la lumière. Très vite le modèle et la figure se distinguent l'un de l'autre. Même si une ressemblance perdure, le naturiste peint ne renvoie plus au naturiste photographié. L'homme nu représenté est avant tout un amas singulier de matière colorée, organisé. Il perd de son individualité et évoque désormais un type de naturiste, par exemple: un homme blanc, quinquagénaire, bien en chair.
La femme et l'homme qui se déshabillent au bord de l'eau m'intéressent. Ces contemporains qui choisissent de ne rien garder à la plage qu'une serviette et d'éventuelles chaussures. Internet m'en offre quelques images, mais les figures que je peins ont leurs propres couleurs, leur propre échelle et leur propre psychologie.
J'ignore ce qu'il reste de l'anonyme photographié dont j'ai capturé l'image sur internet. Une vague trace sûrement, mais rien à mon sens, qui ne lui soit vraiment préjudiciable.
Le corps est partout. Ils sont obsédés ces peintres!
Obsédés du cul?
Et des pieds, des jambes, des seins, des mains, figure-toi.
Figure-toi
- Camille Brès, Jean- Baptiste Defrance, Aurélie de Heinzelin, Marius Pons de Vincent
VERNISSAGE LE JEUDI 29 JANVIER 2015 DE 18H À 19H30
EXPOSITION du 30 JANVIER au 14 FEVRIER 2015
Exposition ouverte du mardi au samedi, de 15h à 19h
(ouverture les dimanche 1er et 8 février)
- Entrée Libre
Au Syndicat Potentiel, 13 rue des couples Strasbourg
T. +33 0(3) 88 37 08 72
L'autoportrait anonyme (Camille Brès)
Un peu sans y penser j’ai commencé à intégrer une femme nue dans des paysages. Un peu sans y penser et un peu en pensant à Manet, à Bonnard, aux Valseuses de Blier, aux Femens. Sans que cela ne soit très précis ou très affirmé. Puisque les photos que j’utilise me sont toujours personnelles, cette femme nue c’est moi, enfin, le modèle de la peinture c’est moi mais les peintures ne sont pas à proprement parler des autoportraits. Même si je crois parfois utiliser mon image uniquement parce que j’avais sous la main des photos adéquates, je doute que cela soit seulement question de circonstance.
Cette figure nue qui se promène, ici dans un paysage, là devant une église, qui prend sa douche dans un chantier serait plutôt une sorte d'avatar, de double. Ce corps, peu incarné, évolue dans des espaces qui ne l'intègrent pas vraiment. Il rôde. Il faut dire que je ne prévois jamais la présence de cette femme nue. Elle a commencé à apparaître à des moments critiques de l'élaboration de mes tableaux. Comme une intervenante extérieure venant rétablir ou plutôt bouleverser un équilibre.
Souvent, la perspective n'a qu'un point de fuite faisant de l'architecture ou de la nature un décor. Ces espaces frontaux me permettent de mettre en scène les questions que me posent la peinture: l'image, la figuration et la matière picturale en ce qu'elle a d'autonome.
Le corps absent (Jean-Baptiste Defrance)
Depuis plusieurs années je suis fasciné par les objets qui rappellent l’usage perdu d’un corps disparu. Empreint d’une odeur, d’une sensation, la couleur transpire la vie tout en pleurant l'être perdu. La nature morte ici est constamment en jeu. Je peins souvent des vêtements, indéfinis, abandonnés, que les corps ont traversés, laissant alors leurs traces. Chaussures, bonnets, écharpes sont les reliques de ce passage. Depuis peu les fleurs s’ajoutent à ce paysage intérieur rappelant l’éphémère de la composition et de la vie. Ses peintures sont des memento mori laissant transparaitre au fur et à mesure un corps, une ombre, une main, où tout simplement le souvenir d’une silhouette solitaire.
S’appuyant sur un travail de la matière - jeu de textures, coulures, mes tableaux donnent à voir le gris coloré de la vie. Elles préconisent toujours une distance face au sujet pour permettre à l’œil du passant une traversée. Je peins des atmosphères, des objets-corps marqués par le malaise de l'homme. Ce sont ceux d’un autre, peu à peu oublié et empreint du souvenir d’un moment passé.
Le corps fantasmé (Aurélie de Heinzelin)
Dans mes peintures, le corps est souvent nu. Le nu : terrain miné ? Sujet classique, voire académique, il est chez moi vu de manière fantasmé. La touche, la couleur sont volontiers expressionnistes, comme pour mettre à distance le sujet et sa représentation.
Mes modèles, qui sont souvent des amis ou des collègues de travail, parfois moi-même, sont représentés dans des postures qui créent une narration. Le nu est d'abord pour moi une manière de le rendre a-temporel. Le vêtement place le modèle dans une époque, le nu joue sur l'ambiguïté et j'aime l'idée que l'on puisse ne pas savoir à quelle époque le tableau a été peint. Plusieurs personnages sont représentés dans des postures érotiques, et se retrouvent même parfois former des couples improbables avec des animaux. En peinture tout est possible, il n'y a pas de limite, pas de morale. Ce qui dans le réel est intolérable est en peinture ici revendiqué : je suis libre en tant que peintre de créer des scènes fantasmagoriques et hors de la morale. La vie que je ne vis pas dans le réel, parce que je suis trop bien élevée, est en peinture libre de toute contrainte, de tout tabou. En peinture j'invente ma vie, je crée ma propre mythologie. Plus que la libération du corps, mes tableaux revendiquent la libération de l'esprit. Du mien tout d'abord, qui a été éduqué, et de celui du spectateur, ensuite, qui pourra avoir plusieurs réactions selon son tempérament, sa propre culture, sa morale.
Quand il n'est pas nu, le corps dans mes tableaux porte costume de théâtre, d'opéra, masque. La mise en scène, la théâtralité est forte, comme pour souligner que tout ceci, tout ce que vous voyez, est de la comédie, du théâtre, de l'exagération. Qu'il va falloir au spectateur de l'humour pour regarder mes tableaux. Que c'est artificiel. J'aime ce mot, artificiel. Contre-le-naturel. J'aime le grotesque, le surréalisme, le bizarre, le dissonant, le Songe d'une nuit de Sabbat dans la Symphonie Fantastique de Berlioz, le courant maniériste en peinture.
La figure empruntée (Marius Pons de Vincent)
Je collectionne et utilise dans mon travail, des photographies amateurs, dénichées sur le web. Une récente envie de peindre des nus m'a amené à m'intéresser aux naturistes. On m'a quelque fois mis en garde. Qu'arriverait-il si une personne se trouvait par hasard devant sa figure peinte et se reconnaissait sur un de mes tableaux? Se sentirait-elle cambriolée? Je n'ai jamais pris très au sérieux ces éventualités, j'ai du mal à croire que pareille situation se produise un jour. De toute façon, je ne cherche pas à être au plus près de la photographie. J'en tire seulement quelques informations, essentiellement liées au dessin et à la lumière. Très vite le modèle et la figure se distinguent l'un de l'autre. Même si une ressemblance perdure, le naturiste peint ne renvoie plus au naturiste photographié. L'homme nu représenté est avant tout un amas singulier de matière colorée, organisé. Il perd de son individualité et évoque désormais un type de naturiste, par exemple: un homme blanc, quinquagénaire, bien en chair.
La femme et l'homme qui se déshabillent au bord de l'eau m'intéressent. Ces contemporains qui choisissent de ne rien garder à la plage qu'une serviette et d'éventuelles chaussures. Internet m'en offre quelques images, mais les figures que je peins ont leurs propres couleurs, leur propre échelle et leur propre psychologie.
J'ignore ce qu'il reste de l'anonyme photographié dont j'ai capturé l'image sur internet. Une vague trace sûrement, mais rien à mon sens, qui ne lui soit vraiment préjudiciable.