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Ce qui se passe ou ne se passe pas
La suite logique de Précaritas serait :
de salarier 5 artistes en 2008, dans l'espace! mais pas uniquement en contrats aidés, mais aussi sur l'argent disponible du capital privé. Non ?
Alors peut être que les emplois voudront nous aider sans même qu'on ait besoin d'aide ou d'eux.
Ou alors, que des institutions culturelles qui embauchent déjà des artistes en CAE, CAV.... le fassent mais pour que les artistes puissent poursuivre leur travail et non pour des tâches fonctionnelles.
On pourrait imaginer qu'un musée comme le MAMCS réserve sur son quota de salariés quelques contrats à durée déterminée comme il en existe sûrement, à des artistes qui, en échange, restitueraient une part de leur démarche au musée et donc à son public ?
Ou que des institutions comme la Ville, le Conseil Général ou la Région, la Sécu... pour la gratuité du geste artistique, réservent un tout petit pourcentage de leur masse salariale à l'embauche d'un artiste qui, en échange, participerait de par son voisinage à l'esprit de la maison.
Non mais je délire,là !
Que ce soit la solution du privé ou celle du public, la droite ou la gauche, (on est entre les deux tours des élections présidentielles), à part dans l'expérience fragile de Précaritas, nous n'en sommes pas encore au point où on inventerait un système de revenu décent pour que des artistes, en France, puissent vivre de leurs pratiques en dehors du cercle très restreint d'un marché de l'art, qui de part son fonctionnement et son public se rapproche plus de celui des antiquités ou de la mode...
Comment aménager une place à ceux qui créent de l'immatériel et qui contribuent à l'enrichissement de la société par la singularité de leur démarches et dont le temps non travaillé sert autant que le temps travaillé et vice-versa?
Comme le suggère le sociologue Nicolas Le Strat dans 'L'expérience de l'intermittence', les questions relatives aux métiers qui produisent de l'immatériel relèvent d'une production qui n'est pas évaluable en heures, en quantité, en rentabilité ou encore en terme de projet. Ce qui compte, c'est la constitution, ce qui se passe, ou - et c'est peut être pour ça qu'il cite Foucault - pour l'énoncé que l'on peut tirer d'une expérience spécifique et contextuelle.
Aussi ce sociologue nous montre comment l'intermittence est vécue autant chez des artistes que chez des travailleurs sociaux ou chez des scientifiques et comment leur précarité sociale les amènent à inventer de judicieux systèmes et des réponses originales quant aux terrains vagues abandonnés par les institutions classiques.
Au Syndicat Potentiel nous présentons actuellement une exposition-installation 'Un Lieu à Soi' où un travailleur social, Samuel Bauer, en formation BEATEP propose à 4 jeunes en situations précaires (au niveau du logement entre autre), d'imaginer un lieu idéal où ils aimeraient loger.
Si les jeunes n'ont pas vraiment répondu à la question du lieu a soi mais plutôt à celle de leur vision du monde, l'expérience n'en a pas moins été intéressante quant aux rencontres qu'elle a permise.
Au vernissage il y a eu environs 60 personnes de milieux et de conditions sociales différents. Les 4 artistes temporaires, qui le resteront ou non, ont joué le jeu jusqu'au bout et ont été très sollicité par les visiteurs.
Après quelques verres un petit groupe s'est formé au milieu de la salle pour discuter de la tragique intervention de Rémy Aron sur télé Sarkozy, de ce qu'il disait sur la filiation Duchamps, sur l'art qu'il nommait conceptuel. Nous avons aussi parlé du fait que même les jeunes qui ne connaissait pas l'Histoire de l'Art était naturellement capables de faire des propositions conceptuelles.
de salarier 5 artistes en 2008, dans l'espace! mais pas uniquement en contrats aidés, mais aussi sur l'argent disponible du capital privé. Non ?
Alors peut être que les emplois voudront nous aider sans même qu'on ait besoin d'aide ou d'eux.
Ou alors, que des institutions culturelles qui embauchent déjà des artistes en CAE, CAV.... le fassent mais pour que les artistes puissent poursuivre leur travail et non pour des tâches fonctionnelles.
On pourrait imaginer qu'un musée comme le MAMCS réserve sur son quota de salariés quelques contrats à durée déterminée comme il en existe sûrement, à des artistes qui, en échange, restitueraient une part de leur démarche au musée et donc à son public ?
Ou que des institutions comme la Ville, le Conseil Général ou la Région, la Sécu... pour la gratuité du geste artistique, réservent un tout petit pourcentage de leur masse salariale à l'embauche d'un artiste qui, en échange, participerait de par son voisinage à l'esprit de la maison.
Non mais je délire,là !
Que ce soit la solution du privé ou celle du public, la droite ou la gauche, (on est entre les deux tours des élections présidentielles), à part dans l'expérience fragile de Précaritas, nous n'en sommes pas encore au point où on inventerait un système de revenu décent pour que des artistes, en France, puissent vivre de leurs pratiques en dehors du cercle très restreint d'un marché de l'art, qui de part son fonctionnement et son public se rapproche plus de celui des antiquités ou de la mode...
Comment aménager une place à ceux qui créent de l'immatériel et qui contribuent à l'enrichissement de la société par la singularité de leur démarches et dont le temps non travaillé sert autant que le temps travaillé et vice-versa?
Comme le suggère le sociologue Nicolas Le Strat dans 'L'expérience de l'intermittence', les questions relatives aux métiers qui produisent de l'immatériel relèvent d'une production qui n'est pas évaluable en heures, en quantité, en rentabilité ou encore en terme de projet. Ce qui compte, c'est la constitution, ce qui se passe, ou - et c'est peut être pour ça qu'il cite Foucault - pour l'énoncé que l'on peut tirer d'une expérience spécifique et contextuelle.
Aussi ce sociologue nous montre comment l'intermittence est vécue autant chez des artistes que chez des travailleurs sociaux ou chez des scientifiques et comment leur précarité sociale les amènent à inventer de judicieux systèmes et des réponses originales quant aux terrains vagues abandonnés par les institutions classiques.
Au Syndicat Potentiel nous présentons actuellement une exposition-installation 'Un Lieu à Soi' où un travailleur social, Samuel Bauer, en formation BEATEP propose à 4 jeunes en situations précaires (au niveau du logement entre autre), d'imaginer un lieu idéal où ils aimeraient loger.
Si les jeunes n'ont pas vraiment répondu à la question du lieu a soi mais plutôt à celle de leur vision du monde, l'expérience n'en a pas moins été intéressante quant aux rencontres qu'elle a permise.
Au vernissage il y a eu environs 60 personnes de milieux et de conditions sociales différents. Les 4 artistes temporaires, qui le resteront ou non, ont joué le jeu jusqu'au bout et ont été très sollicité par les visiteurs.
Après quelques verres un petit groupe s'est formé au milieu de la salle pour discuter de la tragique intervention de Rémy Aron sur télé Sarkozy, de ce qu'il disait sur la filiation Duchamps, sur l'art qu'il nommait conceptuel. Nous avons aussi parlé du fait que même les jeunes qui ne connaissait pas l'Histoire de l'Art était naturellement capables de faire des propositions conceptuelles.
Comments
Catherine Gier on May 13 2007 edit · delete
Francis, tu écris :
'...que des institutions comme la Ville, le Conseil Général ou la Région, la Sécu... pour la gratuité du geste artistique, réservent un tout petit pourcentage de leur masse salariale à l'embauche d'un artiste qui, en échange, participerait de par son voisinage à l'esprit de la maison. Non mais je délire,là !'
Tu ne délires pas tant que cela, des artistes anglais ont fait cette tentative au sein du groupe APG (Artist Placement Group) fondé par John Latham et Barbara Steveni.
Par contre, ils ont produit des œuvres en relation avec le contexte dans lequel ils s'inscrivaient, ce qui me semble essentiel.
De 1966 à 1989, date à laquelle APG a été transformé en O+I (Organisation + Imagination), des artistes ont ainsi été 'placés' dans les entreprises et institutions suivantes : British Steel Corporation, British European Airways, British Rail, Scottish Television, Hillie Co Ltd, ICI Fibres Ltd, Milton Keynes Development Corporation, Brunei University, National Coal Board, Intensive Care Unit of Clare Hall Hospital, Esso Petroleum Co Ltd...
Etre juste là à partager le même espace-temps que les autres salariés d'une collectivité locale ou d'une entreprise me paraît insuffisant.
Il y a dans le contexte des entreprises ou des institutions publiques matière à créer des formes tangibles, des réalisations que l'artiste peut et se doit de partager avec l'ensemble des salariés de l'organisation dans laquelle il intervient, voire avec un plus large public. Et valoriser ainsi et l'organisation et le travail de l'artiste qui a été produit en son sein.
Concernant la rémunération, s'il me semble évident que l'organisation qui accueille l'artiste le paye pour son travail, pourquoi le ferait-elle en le salariant forcément ? Pourquoi pas en lui versant des honoraires au même titre que ceux qu'elle est susceptible d'allouer ponctuellement à un consultant extérieur ?
A l'artiste de fixer le prix de son intervention en intégrant le temps de conception et de réalisation de son projet ainsi que les frais engagés pour sa mise en œuvre, comme tout travailler non salarié produisant de l'immatériel et fournissant un service.
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Francis, tu écris :
'...que des institutions comme la Ville, le Conseil Général ou la Région, la Sécu... pour la gratuité du geste artistique, réservent un tout petit pourcentage de leur masse salariale à l'embauche d'un artiste qui, en échange, participerait de par son voisinage à l'esprit de la maison. Non mais je délire,là !'
Tu ne délires pas tant que cela, des artistes anglais ont fait cette tentative au sein du groupe APG (Artist Placement Group) fondé par John Latham et Barbara Steveni.
Par contre, ils ont produit des œuvres en relation avec le contexte dans lequel ils s'inscrivaient, ce qui me semble essentiel.
De 1966 à 1989, date à laquelle APG a été transformé en O+I (Organisation + Imagination), des artistes ont ainsi été 'placés' dans les entreprises et institutions suivantes : British Steel Corporation, British European Airways, British Rail, Scottish Television, Hillie Co Ltd, ICI Fibres Ltd, Milton Keynes Development Corporation, Brunei University, National Coal Board, Intensive Care Unit of Clare Hall Hospital, Esso Petroleum Co Ltd...
Etre juste là à partager le même espace-temps que les autres salariés d'une collectivité locale ou d'une entreprise me paraît insuffisant.
Il y a dans le contexte des entreprises ou des institutions publiques matière à créer des formes tangibles, des réalisations que l'artiste peut et se doit de partager avec l'ensemble des salariés de l'organisation dans laquelle il intervient, voire avec un plus large public. Et valoriser ainsi et l'organisation et le travail de l'artiste qui a été produit en son sein.
Concernant la rémunération, s'il me semble évident que l'organisation qui accueille l'artiste le paye pour son travail, pourquoi le ferait-elle en le salariant forcément ? Pourquoi pas en lui versant des honoraires au même titre que ceux qu'elle est susceptible d'allouer ponctuellement à un consultant extérieur ?
A l'artiste de fixer le prix de son intervention en intégrant le temps de conception et de réalisation de son projet ainsi que les frais engagés pour sa mise en œuvre, comme tout travailler non salarié produisant de l'immatériel et fournissant un service.
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